SECONDE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE                    339
flamands, par un long bail, la jouissance des bâtiments où il les avait établis. Son petit-fils voulut que la nouvelle manufacture • fût spécialement construite pour l'usage auquel elle était destinée. C'est dans ce but qu'il acheta les terrains et fit réédifier tous les bâtiments. La nouvelle installation exigea plusieurs années. En effet, la première acquisition, celle de l'hôtel des Gobelins, re­monte au 6 juin 1662, tandis que les lettres patentes constitutives de la manufacture, qui reçut alors le titre de Manufacture r.oyale des meubles de la couronne, sont du mois de novembre 1667.
Dans l'intervalle de ces deux dates, le projet primitif avait reçu une singulière extension. Au lieu d'abriter simplement des métiers de haute et de basse lice, la manufacture des meubles de la cou­ronne devait pourvoir à.l'ameublement complet de toutes les rési­dences royales,' depuis les boutons ciselés et dorés des portes'ou dès fenêtres, depuis les sièges en bois sculpté, jusqu'aux, statues dè marbre et aux.groupes de bronze des jardins et des fontaines. Un artiste,, désigné à l'attention du ministre par les aptitudes remarquables dont il avait déjà donné maint témoignage, fut chargé'd'imprimer aux travaux de ce grand atelier l'unité néces­saire. Colbert eut l'a main singulièrement heureuse en faisant choix de Charles Le Brun pour la direction de la manufacture recons­tituée. Nul artiste n'était plus apte à répondre aux espérances que le - roi avait mises en lui, à imprimer à toutes les œuvres exé­cutées sur ses dessins et sous sa surveillance immédiate ce cachet de grandeur et de majesté que Louis XIV recherchait par - dessus tout.
Gràce à l'autorité absolue donnée à Le Brun sur tous ses colla­borateurs, le. style de cette époque se distingue par l'admirable harmonie de toutes ses parties. Chacune d'elles concourt au but commun, et, depuis les grandes lignes architectoniques jusqu'aux moindres détails, le même esprit, la même volonté préside à l'exé­cution1 de l'ensemble.'
Charles Le Brun fut chargé de fournir les dessins des tapisseries, comme ' ceux de tous les autres embellissements des châteaux royaux. C'est à lui, à son influence immédiate, à son goût, qu'on doit- reporter l'honneur des belles tentures exécutées pendant la prémière'.partie'dû règne de Louis XIV. Pour une œuvre pareille il - lui'fallait, de nombreux collaborateurs; il sut les trouver. Des artistes exercés consentirent à devenir les interprètes de ses con-